Madrid, ville ouverte

Ils sont sympas ces espagnols. Je quitte la France en esquivant de peu les mouvements sociaux et les grèves de train qui ont fait dire à une mamie : "On vit dans un pays fasciste de gauche !" (cf le zapping) que me voilà rattrapée par les manifs. Comme je le dis, ils sont sympas ces espagnols. Solidaires des Français madrilènes, ils font en sorte qu'on soit pas trop dépaysés.
J'ai donc tâté de la manif espagnole samedi dernier. Enfin de la manif... ils ont encore beaucoup à apprendre de nous, mais ma foi, c'était pas mal. Pour résumer, alors que je me la coulais douce le weekend dernier à Houlbec, au coin du feu, un jeune de 16 ans se faisait poignarder à mort par un néo-nazi dans le métro. Du coup les manifs anti-fascistes se suivent et se ressemblent depuis une semaine. Samedi c'était à Puerta del Sol. Ma préoccupation première : aller à la FNAC et choper un port Firewire vite fait. Je sors du metro : un beau cordon de flics en gilet parre-balle armés de fusils - non sans une certaine ressemblance avec le fusil à poivre des Trois Brigands - me font face. Gloups. Je suis cernée. C'est obligé, tout est dans cette contre-plongée autoritaire. Ils savent qui je suis, pourquoi je suis là... Je vais me faire arrêter pour trafic de cartes firewire c'est certain !

J'exagère à peine. Moi, avec ma petite robe rose on me demande "gentiment" de me mettre sur le côté et de sortir mes papiers d'identité. "C'est pour aller à la manifestation ?" qu'ils me demandent. "Non, c'est pour aller à la FNAC". La FNAC hein, pas les FARC ! Ca leur suffit et ils me lancent le tant attendu : "Circulez, circulez !"

Il faut maintenant que j'explique le principe de la manif espagnole. Le principe de base est d'une simplicité enfantine : on ne bouge pas ! Surtout on ne bouge pas. Ensuite on fait l'oignon :

1/ le coeur de l'oignon : les manifestants, concentrés au centre de la place, barricadés en cercle derrière des banderoles.

2/ la première couche : les journalistes et les différentes télés du pays qui regardent vite fait, s'emmerdent, tournent quelques images à l'affut de quelque chose à se mettre sous la dent.

3/ la deuxième couche : les nombreux curieux, presque aussi nombreux que les manifestants qui les entourent ainsi que les journalistes et regardent faire

4/ la dernière couche : le police, toute de bleu vêtue, contrôlant tous les accès à Puerta del Sol.

Pas un bruit à l'exception de la fanfare Roumaine et de quelques slogans mollement repris par des anti-fascistes qui, paradoxalement, pour certains d'entre eux, ressemblent à des hooligans. Même pas un pauvre djembé. Bref, ils ont pas le minimum syndical pour faire une vraie manif !!!

Comments

[Gaït]

Ah bon tu as une robe rose ?!!!
Bon finalement à Evreux mardi, c'était plus animé : au moins on a fait le tour de la ville. On était 3000. Pas beau ça ?